Nos interlocuteurs à Ouman avaient inscrit en bonne place sur leur liste de besoins prioritaires une demande de fournitures scolaires destinées à la douzaine d’établissements que compte la ville. Des établissements contraints à dédoubler leurs salles de classes. Comme partout ailleurs dans le pays, en cas d’alerte aérienne, les cours se poursuivent désormais dans des abris sous-terrains anti-bombes.
L’appel en faveur des écoliers d’Ouman a été entendu au delà de toutes nos espérance. Les papeteries Clairefontaine nous ont en effet proposé une montagne d’invendus: des dizaines de milliers de cahiers, de classeurs, de carnets, de blocs-notes multi-usages et de tous formats, ainsi notamment qu’une vaste gamme de papier pour les travaux pratiques et le dessin.
Au total le don représente une aubaine inespérée et un défi, avec plus de 48 tonnes à transporter!
Nous avons affrété un premier poids lourd par le biais d’un ami dirigeant d’une entreprise ukrainienne d’import-export dans le secteur de l’agro-alimentaire. Au lieu de repartir à vide, le camion a pris en charge 32 palettes, soit plus de 18 tonnes de matériel. Il les a déposées à bon port à Ouman le 31 octobre, quelques jours avant notre arrivée sur place.
La suite s’est apparentée à une remise des prix. Nous avons distribué une partie de ces fournitures aux intéressés inscrits dans l’école n°11 à l’issue d’un spectacle qu’ils avaient organisé en notre honneur en présence de la maire d’Ouman. Avant de s’égayer dans les couloirs, les écoliers ravis de l’aubaine sont montés en rangs serrés sur l’estrade pour y recevoir de quoi remplir leurs cartables.
Les 30 tonnes restantes ont été stockées à Rognes dans une salle municipale. Cette cargaison sera acheminée dès que possible à Ouman et Jytomyr, ville de garnison de 260.000 habitants où nous avons fait étape sur le chemin du retour, lors de notre dernière expédition.
Jytomyr occupe une situation stratégique, puisqu’elle contrôle l’accès vers Lviv (à l’ouest) et Kiev (à l’est). Elle a été le théâtre de combats acharnés dans les premiers jours de l’invasion russe, à la fin février 2022. Dix-huit mois plus tard, elle porte encore la trace des raids aériens et frappes de missiles qui ont détruit entre autres un dépôt pétrolier, l’école n°25 et de nombreuses habitations.
La livraison des trente tonnes de fournitures restantes s’avérait fin novembre plus compliquée que prévu pour deux raisons : les camionneurs polonais ont entreprise bloquer le passage aux principaux postes-frontières afin de protester contre « la concurrence des transporteurs ukrainiens ». Et puis la circulation en Ukraine était rendue extrêmement problématique du fait d’une méga-tempête.
Nous avons franchi bien d’autres obstacles depuis le début du conflit.